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Sociologue & Artiste Performeuse

Stéphanie Melyon-Reinette

Je suis  chercheuse dont les  méthodologies et techniques permettent des déclinaisons transversales de mes réflexions, investigations et incursions: art performance, poésie, chorégraphies, publications sociologiques, expositions... "We are pregnant with freedom" est une citation d'Assata Shakur extraite d'un de ses poèmes. Elle traduit l'essence de toutes mes dimensions réconciliées et le sens de mes engagements. Nous somme porteur..se.s de libertés. 

De nos propres libertés.

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Nèfta aka Stéphanie Melyon-Reinette by Daniel DABRIOU 2_edited.jpg

REGARD CRITIQUE / CRITICAL EYE

 

Les Mémoires Concrètes

The Concrete Memories

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Nathalie HAINAUT

Critique d’art, AICA-SC

FR — Ancrée dans ses pratiques de chercheuse en sociologie et ses publications universitaires, Nèfta/Stéphanie Melyon Reinette, l’est aussi dans la danse qu’elle pratique depuis l’âge de six ans, sans savoir qu’elle faisait déjà performance. C’est l’exploration d’une liberté qui est ici en œuvre, à l’œuvre et émane, tant de son cercle familial que de sa thèse intitulée « De la Diaspora haïtienne à la communauté haïtiano-américaine de New York : Modèle d’une intégration réussie ? », ou de la nature du vivre ensemble en société, épicentre des sciences politiques.

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Ses performances en solo, ou en compagnie avec ANAMNESIS, conduisent à se poser les questions responsables qui irriguent un discours mémoriel fondamental, insoumis et polymorphe, comme elle aime à dire.  L’expérience de l’histoire coloniale, de la douleur et cette nécessité du dire avec le corps, comme avec les mots, traverse l’ensemble des expériences de cette artiste également poétesse. Depuis « Alger, mon amour », où elle transcendait les écrits tiers-mondistes de Sonny Rupaire et de Frantz Fanon, prononçant une conversation épistolaire à moitié fictive, Nèfta bouscule, dérange, interroge nos histoires croisées sans complaisance, mais avec une bonne dose d’humanité.  

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Le champ d’intervention performatif devient un espace de convergences et d’adresses aux peuples concernés par une post-colonialité toujours active, comme aux publics éloignés de ces blessures de l’histoire, du pouvoir et du profit à tout prix. L’activisme s’empare de la « re-présentation », le dire « qui nous sommes dans ce corps noir » devient cathartique quand arrive l’heure d’aborder l’empoisonnement massif au chlordécone, toujours d’actualité dans nos territoires de Guadeloupe et Martinique. Dans « Kepone Dust », une performance que j’ai eu le loisir de voir à plusieurs reprises, la danse-transe opère tel un théâtre de la réminiscence.  Le processus thérapeutique soutenu par une création plastique in process dialogue avec les maux induits par ce génocide chimique, dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences. La justice française et internationale n’ayant pas clairement reconnu ce x ème crime contre l’humanité, c’est aux artistes de porter les gestes et les mots qui font d’un acte artistique, une création devenue métaphore de la vie et bien souvent de la survie. 

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La sémiologie nous enseigne, graduellement mais sûrement, que l’art est le meilleur outil dont nous disposions afin de nous libérer des maux de l’histoire. « Le corps colonial en performance », dont Stéphanie Melyon-Reinette parle dans un de ses articles de recherche universitaire est au cœur de sa pratique artistique ; il a pour visée la restauration d’une communication globale, tout comme la revalorisation de l’estime du soi en pays dominé. Ce corps agissant et moderne compose ici du rituel pour marquer des passages temporels accompagnés par la musique, la danse, les images, le texte et le verbe. Dans « Sensitive », comme dans ses dernières vidéo-performances la chercheuse- artiste veille toujours à faire sens et à activer une réflexion susceptible de faire évoluer nos sociétés. Ceci d’autant plus que la motivation qui alimente la place de l’artiste au sein de la communauté prend son énergie dans les divers médiums utilisés.  C’est certainement grâce à ces combinaisons de possibles que de nouvelles modalités du vivre ensemble adviennent. Ainsi donc « la fonction de l’art, comme l’écrivait le philosophe René Huyghe, est de maintenir le rapport et l’équilibre auxquels l’homme vise entre son monde intérieur et le monde extérieur et dont l’œuvre réalisée est le gage concret ».     

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ENG. — Anchored in her practices as a researcher in sociology and her university publications, Nèfta/Stéphanie Melyon Reinette is also rooted in dance that she has been practicing since the age of six, without knowing that she was already performing. It is the exploration of a freedom that is at work here, at work and emanates, both from her family circle and from her thesis entitled " De la Diaspora haïtienne à la communauté haïtiano-américaine de New York : Modèle d’une intégration réussie ? » (From the Haitian Diaspora to the Haitian-American community of New York: Model of successful integration?), or the nature of living together in society, epicenter of political sciences.

 

Her solo performances, or with her company ANAMNESIS-K, lead to asking responsible questions that irrigate a fundamental, rebellious and polymorphic memorial discourse, as she likes to say. The experience of colonial history, pain and this need of eloquently expressing as much with her body, as with words, crosses all the experiences of this artist who is also a poetess. Since "Algiers, my Love", wherein she transcended Sonny Rupaire’s and Frantz Fanon’s third-worldist writings, delivering a half-fictional epistolary conversation, Nèfta jostles, disturbs, questions our intersecting histories without complacency, but with a good dose of 'humanity’.

 

The field of performative intervention becomes a space of convergences and addresses to the peoples concerned by an ever-active post-coloniality, as well as to audiences estranged from these wounds of history, from power and profit at all costs. Activism seizes the "re-presentation", the "who-we-are-in-this-black-body" questioning becomes cathartic when comes the time of broaching the massive chlordecone poisoning of bodies and lands, still topical in our territories of Guadeloupe and Martinique. In "Kepone Dust", a performance that I have had the pleasure of seeing on several occasions, the dance-trance operates like a theater of reminiscence. The therapeutic process supported by a plastic creation in process dialogues with the evils induced by this chemical genocide, of which we cannot yet measure all the aftermaths. Since French and international justice has not clearly recognized this umpteenth crime against humanity, it is up to artists to carry the gestures and words that make of an artistic act a creation turned metaphor of life, and very often, of survival.

 

Semiology teaches us, gradually but surely, that art is the best tool we have to free ourselves from the evils of history. “The colonial body in performance”, which Stéphanie Melyon-Reinette talks about in one of her university research articles, is at the heart of her artistic practice; its aim is the restoration of global communication, as well as the revaluation of self-esteem in a dominated country. This active and modern body here composes a ritual to mark temporal passages accompanied by music, dance, images, text and words. In "Sensitive", as in her latest video-performances, the researcher-artist always strives to make sense and to activate a reflection likely to change our societies. This is all the more so since the motivation that fuels the artist's place within the community takes its energy from the various mediums used. It is certainly thanks to these combinations of possibilities that new ways of togetherness come about. Thus “the function of art, as the philosopher René Huyghe wrote, is to maintain the relationship and the balance at which mankind aims between their inner world and the outer world and of which the artwork produced is the concrete pledge”.

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